Père Przemyslaw KREZEL
Paroisse St Pierre St Paul
en Val d’Azergues
Diocèse de Lyon
Dieu est bien loin des politiques à la Robin des Bois
Homélie du 25 dimanche du temps ordinaire, année A, le 24.09.2017
Lectures :
Is 55,6-9 : Mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes chemins ne sont pas vos chemins, déclare le Seigneur
Ph 1,20c-24.27a : …pour moi vivre, c’est le Christ
Mt 20,1-16a : pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire ? Parce que personne ne nous a embauchés…
Assez régulièrement, l’opinion publique est bousculée par les informations traitant des différentes crises. Elles sont liées au réchauffement climatique, à l’immigration de masse, aux menaces du dictateur nord-coréen, au pouvoir d’achat ou, comme c’était le cas d’hier, liée à la réforme du code du travail décriée par certains comme un coup d’état social…
A chaque instant surgit une nouvelle Cassandre, prédisant des scenarios d’avenir de plus en plus ténébreux…
Les politiques, en revanche, rivalisent les uns avec les autres pour donner des recettes toutes plus fantaisistes les unes que les autres, oubliant complètement cette vérité qu’il suffit de gouverner les affaires d’état et son portefeuille simplement, comme un bon père de famille.
En constatant comme l’homme s’agite, courant en tous sens pour s’extirper des pièges qu’il avait lui-même tendus, nous réalisons la pertinence des textes de la
Bible, tel celui d’aujourd’hui, tiré du livre d’Isaïe :
Mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes chemins ne sont pas vos chemins, déclare le Seigneur.
Eh oui, cela est évident : la pensée du Seigneur s’élève au-dessus de la petite cervelle de l’homme qui tient, lui-même, à devenir un dieu et sauver le monde seul…, sans que Dieu ne l’aide, sans que Dieu ne le conseille…
Cependant, Dieu n’est pas un concurrent pour l’homme…, comme s’il allait lui ravir quelque chose…
Si Dieu se révèle à l’homme, c’est pour lui offrir un don peu banal : un bonheur sans mesure, sans fin…
Dieu a donc bien des choses à nous offrir et à nous proposer, même sur le plan matériel.
Bien évidemment, l’économie n’est pas le but de la Bonne Nouvelle orientée sur l’annonce du Royaume des cieux, mais à travers son message principal, Dieu nous enseigne des principes vitaux pour notre quotidien, comme c’est le cas de la parabole du maître de la vigne qui embauche.
La vigne, c’est le monde, les ouvriers c’est nous, invités à collaborer avec Dieu seul maître. Le salaire, c’est la récompense – c’est le bonheur infini- qui nous attend au Royaume des cieux.
Alors, maître de la vigne, il ne se lasse pas, cherchant les hommes égarés, mis à l’écart de la société, désœuvrés, sans espérance ni perspectives.
Ainsi le maître – Dieu seul – va toujours à la rencontre de l’homme qui n’a pas été encore embauché dans sa vigne.
Le Royaume des cieux n’est donc pas un domaine fermé, réservé à une élite, à des élus, ou simplement aux plus chanceux.
Non, la vigne du Seigneur – le Royaume des cieux- est un espace d’accueil.
Ses portes sont largement ouvertes du coté de Dieu, il ne suffit que de se laisser embaucher.
L’heure du recrutement n’est pas importante, car Dieu – Maître du temps et de l’espace par définition, ne regarde pas sa montre. D’ailleurs, il n’en pas besoin.
Ce qui l’intéresse, c’est l’homme. Il le cherche donc dès l’aube… jusqu’au soir !
Il sort à tout moment pour lui offrir une chance de retrouver un sens
à son existence, sens qui souvent est mis à mal : il suffit d’être handicapé, vieux, pas trop beau ni riche, pas assez « top », pour que la société nous juge obsolètes, donc bons pour l’éviction.
D’où la réponse pleine d’amertume à la question du maître :
Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire ?
Parce que personne ne nous a embauchés…
Personne !
Nous ne valons rien – semblons nous entendre.
Nous ne sommes plus utiles à la société….
Même si cela était vrai, Dieu – Maître du monde – ne se désintéresse jamais de l’homme…
Même si les autres vous ont rayé de leur cœur ou de leur fiche de paye, Dieu reste avec vous. Il donne à tout homme, aussi petit soit-il, la chance de vivre et d’aimer pleinement.
Allez, vous aussi, à ma vigne
Ce n’est pas grave que l’heure soit bien avancée…
Ce n’est pas important qu’il se fasse tard…
Ce qui compte, c’est que la brebis qui était jusqu’à-là perdue, dehors, désemparée, a été retrouvée ; que le fils qu’on croyait mort est vivant, car il est revenu à la maison du père.
Quelle joie, donc, dans le ciel de la conversion d’un pécheur !
Quelle communion des saints établie à nouveau !
Louons le Seigneur !
Même si nous pouvons comprendre l’attitude du maître qui cherchait inlassablement des ouvriers, nous avons du mal à comprendre la fin de l’histoire.
Pourquoi a-t-il donné autant d’argent à ceux qui sont arrivés les derniers qu’à ceux qui travaillaient depuis le matin à la vigne ?
L’explication est simple et noble à la fois : le Royaume des cieux n’est pas une société quelconque, elle est la communion des saints.
Dieu ne prend pas quelque chose à une personne pour la donner à une autre.
Il est loin des politiques à la Robin des Bois qui veulent spolier les riches pour distribuer aux pauvres…, ça ne marche jamais !
Dieu – Maître de la vigne – donne une juste rétribution à tous ses ouvriers. Chez lui, au Royaume des cieux, il n’existe pas de salaire de première classe, deuxième ou troisième classe.
Le salut est la monnaie unique pour tous les employés de la vigne du Seigneur.
Le premier comme le dernier aura la même joie d’être aimé et de vivre éternellement dans le bonheur. C’est ici que se manifeste parfaitement, une fois de plus, qu’autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant les pensées du Seigneur sont élevées au-dessus des nôtres. La justice du Seigneur est parfaite.
Et si nous n’avons pas encore compris l’équité que le Seigneur nous offre, prenons la réponse que Ste Thérèse de l’Enfants-Jésus a donnée à une personne lui ayant posé la question sur le ciel : comment serait-il là-bas ?
Sainte Thérèse l’a joliment expliqué :
« Il y a ceux qui ont de grands verres et ceux qui ont de petits verres, mais ils seront tous remplis à ras bord et personne ne sera lésé ».
Amen