Père Przemyslaw KREZEL
Paroisse St Pierre St Paul
en Val d’Azergues
Diocèse de Lyon
Le ciel est surtout la communion!
Toussaint, 1 novembre 2017
Lectures :
J 7,2-4.9-14 : j’ai vu une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer…
J 3,1-3 : nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas
Mt 5,1-12a : Les Béatitudes
Les premières paroles de l’Évangile d’aujourd’hui étaient les suivantes :
En ce temps-là voyant les foules, Jésus gravit la montagne.
Ce n’est pas un hasard si le Seigneur y est monté.
Au sommet de la montagne, la vue est immense. On saisit ce qui ne peut l’être
si l’on se trouve à ses pieds. Pour cela, Jésus s’est placé au-dessus des foules.
Et comme il est le Fils unique de Dieu et le Messie attendu, il projette son regard au-delà du territoire de la Palestine, il observe les hommes et leurs chemins… des milliers… des millions chemins, aisés et malaisés, droits et sinueux, vertigineux et confortables, dégagés et obscurs…
Le Christ scrute donc très loin…, même là où le regard des hommes ne peut parvenir. Il voit donc par où serpentent ces chemins et quel est leur aboutissement…
Il déclare alors que les pauvres d’esprit, doux et miséricordieux sont d’ores et déjà bienheureux…, puisqu’eux vont tout droit à la rencontre avec le Père céleste et visent la félicité éternelle…
Cependant, nous, gens ordinaires, à notre époque, habitant Lissieu, Chasselay,
Marcilly, écoutant les enseignements spirituels des béatitudes, ne pourrions-nous pas légitimement douter de l’accessibilité, pour nous aussi, à la vie des saints du ciel ?
Le salut n’est-il réservé seulement qu’aux grands témoins de la foi et à ceux dont la soif immense de justice leur donne un cœur parfaitement pur ?
Les béatitudes nous concernent-elles aussi ?
Sont-elles uniquement basées sur l’effort ou bien sont-elles le fruit de la grâce divine ?
Nous y retrouvons-nous ?
Pas forcément… puisque leur degré est tellement idéaliste…
Il n’est pas évident de retrouver nos propres visages dans des formules telles que: heureux les pauvres de cœur ou heureux les doux.
Et si l’on n’est pas non plus persécuté pour la justice, si l’on n’est pas un défenseur acharné de la paix, est-on toujours en droit d’aspirer à faire partie un jour de cette foule immense, que nul ne pourrait dénombrer, une foule de nations, tribus, peuples et langues ?
Mes chers frères et sœurs bienaimés, je vous le dis tout de go ! : ne soyez pas en souci.
Les béatitudes que nous venons de proclamer ne sont pas de caractère exclusif et strict. Elles n’excluent en rien, elles indiquent tout simplement la direction…, en traçant les grandes lignes !
Ainsi, afin de comprendre la logique du Christ et appréhender parfaitement le discours sur la montagne, faut-il lire et relire tout son évangile…
Nous y retrouvons, bien évidemment, des discours généraux comme celui des béatitudes ou celui sur le pain de vie, mais aussi des paraboles qui les déclinent
et les explicitent concrètement.
Ne nous souvenons-nous pas des beaux récits d’une brebis perdue
qui valait presque plus que ses 99 consœurs, ou d’une veuve qui n’avait pas pu offrir grand-chose mais pourtant, ce fut elle que le Christ donna aux riches et pieux pharisiens présents au temple comme un exemple à imiter ?
Ne perdons jamais de vue que l’enseignement de notre Seigneur est à la fois universel et particulier. Ainsi s’adresse-t-il à toute l’humanité et à chacun de ses membres… Car tous sont concernés et, chacun, chacune est appelé à le mettre en pratique dans sa vie réelle.
Ici, nous touchons l’originalité du salut proposé par le Christ: le salut est une proposition cosmique, globale, qui transgresse les temps et les espaces… mais les réponses à cette extraordinaire opportunité ne peuvent qu’être singulières…individuelles, personnelles.
On ne peut pas être sauvé à la place d’un autre. Dieu veut donc nous sauver tous, c’est son désir profond1… mais il ne le fera pas contre nous, sans notre assentiment….
Ainsi, le salut est-il le fruit de la rencontre à mi-chemin entre la proposition de notre Seigneur Jésus Christ : «suis-moi » et notre « oui » exprimant notre libre arbitre. Soulignons-le et ne nous ne lassons jamais de redire: le salut est la concordance entre la grâce et la liberté, entre le « je » divin et le « je » de l’homme.
Le ciel est surtout la communion!
Et pour ce faire, nous n’avons pas à attendre la fin du monde ou le jugement dernier, si vous le voulez bien… Car il serait trop tard.
La communion des saints commence ici… maintenant, dans notre vie ordinaire et banale. Elle est à faire et à refaire tous les jours, à chaque instant, à toute occasion et en tous lieux….. et… attention ! Avec tout personne, car, potentiellement, chacun d’entre nous peut devenir notre colocataire dans la maison du Père.
Cela est une très, très bonne nouvelle car personne n’est évincé à l’avance…
En revanche, la complexité des éventuelles situations à affronter pour arriver à la communion entre Dieu et moi, entre mon prochain et moi, cela est et reste un défi !
« LE » défi… à la hauteur du salut que nous espérons…
Et pour me faire plus concret, j’ose vous inviter à suivre le Christ sur la montagne en déclinant quelques phrases sous forme de béatitudes… et vous indiquant la trajectoire à observer…
Heureux ceux qui se souviennent du dimanche et du jour de fête, pour les sanctifier avec leurs frères et sœurs dans la foi, car ils loueront Dieu pour toujours.
Heureux ceux qui se mordent la langue afin de ne pas calomnier leur prochain, l’Esprit Saint sera leur défenseur.
Heureux les oreilles chastes, ouvertes aux bonne nouvelles, ils les entendront.
Heureux les amis des autres, ils porteront des noms glorieux.
Heureux les hommes au cœur et aux mains généreuses, ils ne manqueront de rien.
Heureux les vaillants, qui se battent pour leur couple, pour l’enfant en dérive, pour la sainteté de la communauté paroissiale, pour leur pays en danger, ils seront soutenus.
Heureux qui reconnaissent et confessent leurs péchés, ils seront pardonnés.
Heureux les affamés de la Sainte Eucharistie, ils verront le Christ dans sa splendeur.
Heureux êtes-vous, si vous restez fidèles à la foi de votre baptême, contre les vents et marées des pressions sociales, du terrorisme intellectuel ou du relativisme moral, car le royaume de Dieu n’est pas loin de vous… et votre récompense sera grande dans les cieux.
Amen.
1 Ex. 1 Tm 2,3-4 : Cela est bon et agréable devant Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité ; Tt 2,11 : Car la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée.