Homélie de Michel Balduin, Diacre
Paroisse St Pierre et St Paul
en Val d’Azergues
Diocèse de Lyon
Dimanche 2 décembre 2018
Lc 21, 25-29, 34-36
1 Th 3,12 à 4,2
Jr 33, 14-16
En ce premier dimanche de l’avent qui ouvre notre progression vers Noël, la liturgie nous propose de former notre cœur un peu à la manière d’un puzzle.
Pendant ce temps qui nous sépare de Noël, nous devons préparer toutes les autres pièces du puzzle de notre vie pour que, seule demeure, la place libre pour la pièce de l’accueil de Jésus en nous, qui vient prendre toute sa place, mais seulement selon l’espace que nous lui aurons préparé. Jésus veut nous rejoindre chacun, mais seulement à la mesure où nous désirons nous-mêmes l’accueillir.
Au temps du prophète Jérémie, le peu de population qui subsistait du peuple d’Israël avait été déporté à Babylone, et l’on pouvait se demander si Israël allait être rayée du monde. Qu’étaient donc devenues les belles promesses des prophètes quant à la descendance de David ? Eh bien, c’est à ce moment, où tout semble perdu, que le prophète ose annoncer que la promesse, faite par Dieu à David, va se réaliser. Mais, il ne l’annonce pas en disant que c’est en comptant sur nos forces humaines, mais la raison, qu’il donne, de ne pas perdre espoir, c’est parce que, « Le Seigneur est notre justice » ou autrement dit, la justice qui règnera à Jérusalem, comme pour nous aujourd’hui, ne sera pas le résultat de nos efforts, mais elle viendra de Dieu lui-même.
Le Seigneur accomplit avec certitude sa promesse. Oh nous le savons bien, parfois et peut-être même souvent, nous voudrions qu’elle s’accomplisse plus tôt. Mais, notre espérance, fruit de notre foi, est fondée sur ce postulat : Dieu accomplit toujours sa promesse.
C’est d’ailleurs en raison de cette fidélité de Dieu que nous sommes appelés « les fidèles », et non pas en raison de notre fidélité à nous, vous vous en doutez bien !
Mais, si Dieu se donne à nous en Jésus-Christ, il nous faut désirer le recevoir et nous préparer à l’accueillir non seulement en paroles, ou par notre comportement, ce qui est déjà bien et nécessaire, mais encore nous préparer à l’accueillir de tout notre être, avec tout ce que nous sommes : nos beautés et nos laideurs, notre amour et nos infidélités, nos joies et nos peines, notre foi mais aussi nos doutes.
Il nous faut, aujourd’hui encore, désirer vivre en communion avec Jésus Christ notre Sauveur pour nous tenir debout en l’attente de son retour. Et, Saint Paul nous encourage, vous l’avez entendu, « 12 Que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant, comme celui que nous avons pour vous. 13 Et qu’ainsi il affermisse vos cœurs, les rendant irréprochables en sainteté devant Dieu notre Père, lors de la venue de notre Seigneur Jésus avec tous les saints. »
Car, en effet, lorsque viendra Jésus Christ notre Sauveur, comment nous trouvera-t-il ?
Nous le savons bien, lorsque l’on n’est pas prêt et que l’on attend quelqu’un, surtout si c’est quelqu’un qui compte pour nous, on espère toujours qu’il va avoir un peu de retard, et, en tout cas, ne pas arriver tout de suite pour nous permettre de finir de nous préparer.
Mais alors, pour que notre situation s’améliore, il va nous falloir, non pas trainer ou même dormir, mais nous activer pour nous préparer au plus vite.
Il en est de même pour nous aujourd’hui. Le Maître est parti, mais il va revenir et nous sommes en attente. Et cette attente ne doit pas être une attente passive, endormie, une attente oisive. Au contraire, elle doit être une attente active afin que chaque jour nous trouve un peu plus prêts qu’hier, et bien moins que demain, tel est là le chemin de conversion pour chacun de nous.
Jésus, dans sa prédication, se réfère fréquemment au jugement du dernier jour, au retour du Maître. Les enseignements de Jésus, ici pleins de menaces, mettent en relief les évènements principaux du jugement divin. Et, Jésus nous presse de demeurer vigilants, non pas abattus dans la crainte qui engendre la peur et même parfois l’angoisse, mais debout dans l’amour qui produit la paix et la sérénité.
Et ainsi, pour voir plus loin, pour aller au-delà des choses qui nous entourent et des événements qui arrivent, pour en découvrir le sens, il nous faut nous tenir debout sans nous laisser écraser, pour demeurer dans l’amour et veiller. Et, pour rester éveillés, il n’est pas de meilleure voie que de rester « brancher » à la source même de l’amour, dans la prière.
La prière est, en ce sens, la respiration du monde, et comme la respiration corporelle nous tient en vie pour notre vie terrestre, la prière, si elle s’enracine en notre vie terrestre, elle nous garde vivant pour la vie éternelle. Elle est le lien privilégié qui nous unit comme enfants du même Père.
Ainsi, la prière n’est pas seulement notre rencontre en un cadeau offert à Dieu de qui nous attendons toute grâce. Elle est fondamentalement la rencontre du Père et du Fils. Et donc elle n’est pas réservée à Jésus, mais elle est, pour tout fils et fille de Dieu que nous sommes, une véritable nécessité, une vraie première nécessité.
Et, c’est dans la disposition de notre cœur, dans la confiance et l’action de grâce, que doit se situer notre relation à Dieu dans la prière.
Et, une des conditions fondamentales, je dirai même la condition fondamentale, pour vivre pleinement cette relation d’amour à mon Père, dans la confiance et l’action de grâce, c’est ma capacité à vivre l’instant présent.
En effet, nous ne pouvons vraiment exercer notre liberté de Fils de Dieu que dans l’instant présent. Nous n’avons aucune prise sur notre passé, nous ne pouvons pas en changer un iota, mais nous n’avons également que peu de prise sur l’avenir. Il suffit en effet de très peu de chose pour que rien n’aille comme prévu. Et, cela est vrai indépendamment de notre état de vie.
Donc, notre seul vrai espace de liberté consiste en notre capacité à vivre l’instant présent, cet instant présent qui est d’abord celui de la présence de Dieu. « Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde », nous dit Jésus à la fin de l’évangile de Matthieu (Mt 28, 20). Dieu est vraiment l’éternel présent.
Et, Jésus, c’est une présence réelle mais à deviner, une présence qui semble parfois se dérober, et, comme pour les disciples d’Emmaüs, souvent au moment même où il nous semble la saisir.
Alors que l’Esprit Saint nous donne de nous tenir prêts, en sachant accueillir chaque jour cette présence en nos vies, pour que Jésus nous accueille au jour de son avènement : « Amen, viens Seigneur Jésus ! »
Michel Balduin, Diacre