Lectures :
Nb 6,22-27 : Que le Seigneur te bénisse et te garde !
Ga 4,4-7 : … il crie le Père en l’appelant « Abba »
Lc 2,16-21 : Jésus fils de Marie
N’avez-vous jamais été étonné que la solennité de Sainte Marie mère de Dieu ait été fixée au 1er janvier ?
C’est une fête importante car elle touche directement le mystère de l’Incarnation et l’annonce faite à Marie ; on pourrait donc trouver surprenant le choix de la date du 1er janvier.
En effet, à l’exception de cette année particulière avec le couvre-feu et l’interdiction de faire la fête en grand comité, le 1er janvier tombe toujours
après la Saint Sylvestre qui se caractérise par des danses, des feux d’artifice et du champagne jusqu’au petit matin. Rien d’étonnant alors que, le 1er janvier, les gens aient du mal à se lever pour se rendre à la messe et honorer Marie, mère de Dieu.
C’est pourtant une solennité obligatoire pour les Catholiques, comme c’est le cas de tout dimanche.
Alors pourquoi l’Eglise a-t-elle choisi un tel jour, sachant que ce sera toujours un handicap en raison de la nuit blanche festive et généralement très courte de la veille, sans parler d’un coup de fatigue et d’un mal à la tête,
suite à une fête trop arrosée ?
En 1969, la réforme liturgique succédant au Concile Vatican II et touchant également le calendrier des fêtes a placé la solennité de Sainte Marie, mère de Dieu au 1er jour de l’année civile.
A mon avis, ce n’est pas un hasard aveugle mais un choix délibéré de contempler Marie, la Mère.
Après Noël, durant 7 jours, nos yeux étaient fixés et notre cœur incliné devant le petit Jésus, fils de Dieu. Lui seul était au centre de notre attention, mais le 8ème jour, qui tombe justement le 1er janvier où a lieu symboliquement la présentation au temple du nouveau-né et sa circoncision, notre regard se relève pour honorer Celle qui, par son humble « oui », a laissé entrer Dieu dans la vie d’homme de tous les jours.
C’est grâce à Marie que ce Dieu grand, habitant le firmament céleste, s’est fait proche et accessible en un petit enfant emmailloté.
Si Marie est ainsi placée au tout début de l’an, c’est pour que nous lui rendions hommage, bien évidemment, mais aussi pour louer toute femme qui, renonçant à son propre plaisir et à son confort, a décidé de donner naissance à un enfant.
Car toute naissance est un mystère et le signe de l’altruisme suprême, qui dépasse l’égoïsme afin d’offrir la vie à un nouvel être humain.
En Marie, mère de Dieu, l’Eglise s’incline devant la maternité et remercie
toutes les Mamans du monde pour l’immensité des peines qu’elles offrent à l’enfant, souvent ingrat et longtemps ignorant. Il faut qu’il grandisse, devienne à son tour mère ou père, pour réaliser ce qu’il a reçu de la part de ses parents.
Chacun de nous pourrait réviser son passé afin de réaliser combien il doit particulièrement à sa maman…
La délicate présence, les nuits blanches quand nous étions malades, ses douces caresses, ses heures interminables à repasser nos chemises, recoudre nos pantalons déchirés et raccommoder les trous dans nos chaussettes, gants ou chemises, que sais-je encore ?
Et tout cela, la plupart du temps dans l’ignorance de son entourage.
Une maman m’a raconté une anecdote assez cocasse.
Son fils, alors qu’il était à l’école primaire, devait écrire un texte, comme tous les enfants de sa classe, à l’occasion de la fête des mères. Il fallait dire ce que leur Maman aime le plus.
Et lui écrivit : ma maman aime repasser, faire le ménage, laver le linge.
La maman en question fut étonnée en découvrant le texte écrit par son fils
et lui a posé la question : pourquoi as-tu écrit que j’aime repasser, passer l’aspirateur et faire la lessive ?
Et
l’enfant, tout bonnement, a répondu : parce
que tu le fais tout le temps.
Pour cela, je pense que c’est ce que tu aimes faire le plus.
Voici la réponse innocente d’un enfant qui imagine que sa maman prend soin de lui et de toute la famille car elle y trouve du plaisir.
Non, elle le fait par choix d’aimer et l’amour passe par le service, parfois bien ingrat et pénible.
L’Eglise, en choisissant Sainte Marie, Mère du Divin Fils et de notre Seigneur, nous rappelle l’offrande qu’elle a faite de sa vie.
Elle aurait pu renoncer à la mission…
Elle aurait pu choisir une vie tranquille, auprès de Joseph, homme de sa vie,
loin du fracas du monde et de la méchanceté humaine.
Cependant, Marie a accepté de servir l’humanité, lui donnant un sauveur.
Humblement, devenant maman de Jésus, elle est devenue aussi la nôtre !
Certes, elle ne recoud pas nos pantalons et ne raccommode pas nos vêtements ; par contre, elle veille constamment sur nous…
Elle intercède pour nous auprès de son Fils…
Elle le sollicite pour que nous puissions bénéficier de sa miséricorde et jouir de sa bénédiction.
Et je pense qu’instinctivement nous le savons… le culte fervent, les innombrables statues, églises, chapelles dédiées à sainte Marie témoignant que notre maman céleste est la personne sur laquelle toute homme peut toujours compter.
Alors, pensons aujourd’hui à nos mamans chéries, quoi qu’encore vivant au milieu de nous ou déjà sur le chemin de l’éternité…
Confions-les toutes à la Bonne Mère, comme les Marseillais ont coutume de nommer la Sainte Vierge qui veille sur leur ville.
Qu’elle veille aussi sur nous au cours de cet an nouveau… et nous apprenne à marcher auprès d’elle, sur les pas de son Fils unique, Jésus…
Ainsi-soit-il
Père Przemek KREZEL, curé +