Showdown[1]
chers frères et sœurs bienaimés,
Depuis quelques jours, nous vivons une situation inouïe : le confinement, c’est-à-dire la quarantaine imposée à tous.
Même s’il n’est pas total, il modifie
les rapports entre nous puisque le mot d’ordre est : distanciation sociale.
Par conséquent, à une époque où toutes frontières et barrières ont quasiment disparu, nous voici à nous seuls devenus une immense barrière qui devrait empêcher le mal de pénétrer sur notre territoire menacé ; distance, lavage de mains, solution hydroalcoolique, coudes-mouchoirs : en un rien de temps, nous avons découvert les quelques commandements du bon soldat anti-corona venus s’ajouter au comportement civique patiemment acquis depuis notre naissance. Nous avons même appris que la vraie différence entre l’enfant et l’adulte était le respect ou non des gestes sanitaires. Dans le meilleur des mondes, la France devrait être composée de 67 millions de barrières.2
Alors, vivant cette situation particulière, que devrait faire le disciple du Christ ?
Sans doute devons- nous veiller à ce que l’éloignement social ne se transforme pas en peur de l’autre, que la juste protection de soi ne devienne pas « chacun pour soi » et enfin que l’isolement imposé ne se transforme pas en solitude.
Sans doute vous souvenez-vous de l’histoire du bon Samaritain qui, comme les autres, était en chemin, suivait ses affaires… Par contre, il fut le seul à voir son prochain en grande détresse et s’être arrêté et penché sur lui.
L’image est hautement symbolique mais, en même temps, elle appelle à la charité concrète.
D’ailleurs, le temps de la pandémie qu’il nous est donné de vivre est un temps pour vérifier ce que valent notre foi, notre espérance et notre charité car, vous le savez, les prêches, les conférences, les doctes études bibliques tournent toujours autour de ce thème.
Nous en recevons plein les oreilles, chaque fois que nous allons à l’église ou que nous participons à une retraite… Et c’est très bien ainsi ! Cependant, la situation que nous vivons actuellement est le temps de la mise en pratique de tout ce qui faisait et fait l’essence de l’Evangile tel qu’il est enseigné.
Si vous jouez au poker, vous savez que chaque joueur à ses cartes – son jeu – en main. Parfois, il avance les mises de façon à faire croire aux autres joueurs qu’il possède un jeu meilleur que ce qu’il n’est en réalité, pour les amener à se coucher alors qu’ils ont peut-être un jeu supérieur au sien.
Quelques fois, ladite stratégie marche… car les autres, pas absolument sûrs de leur propre jeu, se couchent sans démasquer le bluffeur.
Quelques fois, au contraire, cette combine ne fonctionne pas… car l’un ou plusieurs joueurs décident de se maintenir en jeu, visant la phase finale, l’abattage. Dès lors apparait la réalité du jeu de tous les protagonistes, chacun devant dévoiler ce qu’il avait réellement en main.
Je ne suis pas dans la tête de notre Seigneur, mais je ressens comme si lui me regardait, disant :
Przemek, showdown, abats tes cartes !
Excusez cette comparaison osée…
Bien évidemment, les relations avec Dieu n’ont rien à voir avec le jeu de poker ; néanmoins, ladite image m’aide à penser à vous… à moi…
Qui suis-je vraiment ?
Lequel des deux : le bluff ou la vérité domine dans ma vie ?
Quelle sont mes relations avec Dieu, avec ma famille, mes proches, mes voisins, avec la société ?
Mes chers,
Après un temps de prière et d’échange avec les membres de l’Équipe d’Animation Paroissiale, j’aimerais maintenant vous proposer des pistes permettant de vivre ce temps d’épreuve d’une manière chrétienne.
Que la quarantaine devienne un vrai temps de carême, afin que nous puissions non seulement fêter dans quelques semaines la résurrection du Christ mais aussi de nous réjouir de notre propre résurrection – relèvement spirituel. Bref, pour que nous puissions sortir de cette période difficile plus solides, plus vrais.
Toujours vôtre,
Père Przemek KREZEL, curé +
1 Le showdown termine un coup complet de poker. C’est le moment où les joueurs,
encore dans le coup, doivent montrer leurs cartes afin de déterminer lequel d’entre eux possède la meilleure combinaison et l’emporte.(cité: https://www.jouerpokergratuit.com)
2 François-Guillaume Lorrain, Gestes barrières, distanciation sociale, confinement… Bienvenue à « coronavirusland », publié le 18.03.2020, In : https://www.lepoint.fr