Père Przemyslaw KREZEL
Paroisse St Pierre et St Paul
en Val d’Azergues
Diocèse de Lyon
Lève-toi, chéri, il est déjà sept heures
2 dimanche de l’Avent Année C, le 9 décembre 2018
Lectures :
Ba 5, 1-9 : Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère…
Ph 1,4-6,8-11 : Oui, Dieu est témoin de ma vive affection pour vous…
Lc 3,1-6 : L’an quinze du règne de l’empereur Tibère…
Il y eut une fois un gros différend au sein d’un couple. A sa suite, ni lui, ni elle, ne voulait ré-adresser personnellement la parole à l’autre…
Cependant, il fallait vivre au quotidien et passer de temps en temps une demande,
une consigne, une suggestion. Alors tous deux décidèrent de s’écrire.
Un soir, lui, écrivit sur un morceau de papier :
Réveille-moi demain à sept heures du matin.
Le lendemain, il se lève à neuf heures et trouve sur sa table de nuit une feuille avec le texte suivant : lève-toi, chéri, il est déjà sept heures.
Cette histoire humoristique montre bien que, souvent, dans les temps que nous nommons avec fierté les nôtres, les paroles ne communiquent pas. Elles sont devenues muettes, sans éclat, sans relief, sans voix, sans écho, comme celles couchées sur les papiers de l’histoire évoquée.
La pertinence de la parole dans le processus de communication a fortement diminué.
Bon nombre d’expressions françaises le démontrent :
Noyer le poisson, langue de bois, parler comme un perroquet et celle-ci, qui se prête à notre milieu d’église : discuter de la chape à l’évêque, ce qui veut dire : parler de choses auxquelles on ne peut rien.
L’homme contemporain parle donc beaucoup, mais il transmet peu de messages constructifs.
Suffit-il d’allumer le poste de télé ou de radio ? Le flot des mots, d’expertises,
de contre-expertises, d’enquêtes et d’opinions de bien-pensants ne désemplit pas.
Ainsi on parle, on tient des propos, on divague, on radote, bref : on berdelle !
L’Evangile que je viens de proclamer prend le contre-pied de ce bavardage qui donne
la nausée… Regardez bien le texte. Il apporte des informations quasi chroniqueuses :
L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode étant alors au pouvoir en Galilée, les grands prêtres étant Hanne et Caïphe…
Pourquoi toutes ces précisions sont-elles apportées ?
De toute évidence, l’Evangile n’est pas un livre de géohistoire mais ce n’est pas non plus
un livre de science-fiction.
La parole de Dieu est concrète et bâtie sur du réel.
Elle ne fait pas irruption sur le sommet de l’Olympe, couvert de nuages et de mythes fabuleux. Elle entre, par contre, dans l’histoire tangible de l’humanité…. et dans la vie précise d’un homme : La parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie.
Dieu ne s’adresse pas aux foules, à un peuple indéfini, à une humanité énigmatique.
Dieu est loin des politiciens qui s’adressent hautement :
mes chers compatriotes, français et françaises…
A vrai dire, Dieu privilégie le contact face à face, les yeux dans les yeux. Et si nous voulons résumer sous cet angle l’Evangile, pourrions-nous dire : c’est le livre des rencontres.
Jésus ne cesse de voir les gens : concrets, vivants sur une terre précise, en un temps défini. Jésus aime ce qui est vrai et palpable. Il n’évite pas la mêlée humaine.
Sa parole est liée à l’être.
Sa parole est appel à être.
Elle a horreur de l’abstrait !
Par conséquent, la Parole divine remue, met en route, déconcerte, renverse.
Ecoutons Jean, une fois reçue la parole de Dieu : il parcourut toute la région du Jourdain,
en proclamant un baptême de conversion…
Et ce qu’il prêcha ne fut pas la moindre des choses : Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers…
La parole de Dieu ne se contente pas d’un statu quo de la médiocrité du quotidien.
Elle n’accepte pas que l’homme reste un simple mangeur de pain, quoi qu’il soit bon.
La parole divine hausse la tête de l’homme, trop concentré sur tout ce qui l’occupe chaque jour.
Elle nous redit aujourd’hui alors, au temps de l’Avent :
Tiens-toi sur la hauteur, et regarde vers l’orient !
Vers l’orient, c’est-à-dire, où la levée du nouveau soleil – le Christ, se manifestera un jour.
Mes chers…
Peut-être chacun de vous a-t-il déjà pris une ou plusieurs résolutions pour marquer et vivre
cet avent 2018.
Sinon, je vous en propose une qui est en phase avec l’Evangile du dimanche :
Faites en sorte que votre langage soit concret, juste, authentique, appuyé sur les réalités. Travaillez à ce que votre parole sonne fort. Evitez les discours qui n’enrichissent pas
vos auditeurs.
Au diable la tiédeur, mes chers frères!
Il ne s’agit pas seulement d’être sympa, mais d’être Dieu, bon et pénétrant…
Retrouvons le feu sacré, capable d’allumer les esprits !
Ainsi-soit-il