Père Przemyslaw KREZEL
Paroisse St Pierre et St Paul
en Val d’Azergues
Diocèse de Lyon
La résurrection du Christ n’est pas un canular !
Dimanche de Pâques, année B
Le 1 avril 2018
Lectures :
Act 10,34a.37-43 : Quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon de ses péchés.
Col 3,1-4 : … si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut.
J 20,1-9 : Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau…
Mes chers frères et sœurs bien aimés,
je suis tout content de vous retrouver ici en ce jour de Pâques, le jour, liturgiquement et théologiquement parlant, le plus important de tous pour l’Église. En même temps, je trouve cocasse que, cette année, le dimanche de la Résurrection tombe le 1er avril qui, dans la tradition populaire, est réservé aux canulars, aux nouvelles farfelues, aux plaisanteries plus ou moins réussies que l’on fait à ses connaissances, à ses amis et sa famille, bref, au poisson d’avril.
Par-là, bien évidemment, je ne voudrais nullement suggérer que le message du Christ n’est pas sérieux et qu’il est destiné à amuser les gens. Pas du tout !
Je veux simplement dire que, hélas, beaucoup de chrétiens considèrent, souvent inconsciemment, la résurrection du Christ et tout ce qu’elle implique comme un poisson d’avril.
Ils sont baptisés, viennent à l’église, se revendiquent de la foi en Christ mais ils traitent le message pascal d’un clin d’œil, comme une belle histoire pour consoler les petites gens, presque comme un conte de fée qui, sans preuves sérieuses et tangibles, fait miroiter une autre vie après la mort.
Je ne veux pas vous faire passer un examen, nous ne sommes pas à l’école, aujourd’hui est tout de même un jour férié, cependant, je voudrais que chacun de vous réponde intérieurement :
Est-ce que je crois vraiment à la résurrection du Christ, suis-je convaincu que le Christ est ressuscité ?
Ou plutôt la résurrection est-elle un sujet assez flou pour moi ?
Bien sûr, ce serait beau d’y croire mais en fait,… elle est tellement féerique.
Si j’ose vous poser lesdites questions, c’est que, malgré les apparences, les fondements de notre foi -à savoir la résurrection du Christ et ensuite la nôtre – ne sont pas si communément acceptés.
Il y a quelques années, un sondage réalisé par un journal chrétien posait cette question de la résurrection à un groupe représentatif de catholiques.
Savez-vous combien d’entre eux étaient convaincus de la résurrection ?
Savez-vous combien ?
Un sur 10.
Vous rendez vous compte ? un sur 10 !
C’est-à-dire que si je prenais notre assemblée en exemple, seulement combien d’entre nous seraient de vrais chrétiens.
Si j’ai dit « vrais Chrétiens », et il faut que vous le sachiez : celui qui ne croit pas en la résurrection du Christ ni à la sienne ne peut dire expressément qu’il est un chrétien.
Le prédicateur de la Maison pontificale, le père capucin Raniero Cantalamessa a bien parlé de ce paradoxe dans un sermon de carême prêché l’année dernière en présence du pape François et des responsables de la curie romaine.
Il y disait :
« Comme saint Augustin, nous pouvons dire que la résurrection de Jésus “est le cœur de la foi chrétienne“. En effet, tout le monde croit, même les païens, que Jésus est mort mais seuls les chrétiens croient qu’il est ressuscité. Et n’est pas chrétien qui ne le croit pas. »
D’ailleurs, ce que je viens de vous citer n’est pas nouveau car déjà St Paul apôtre, dans sa première lettre aux Corinthiens se prononce clairement sur ce sujet:
« Comment certains d’entre vous peuvent-ils dire qu’il n’y a pas de résurrection des morts ?
S’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité. Mais si le Christ n’est pas ressuscité, alors notre prédication est vide, vide aussi votre foi. » (1 Co 15, 12-14).
Et Toc !!!
Comprenez- bien : si vous ne croyez pas en la résurrection, tout ce que vous faites en tant que catholiques, toute démarche spirituelle, tous vos efforts moraux, tout, tout ! ne servirait strictement à rien, parce que sans la résurrection du Christ, après notre propre mort, il n’y aurait aucune espérance : notre vie s’achèverait bel et bien dans un tombeau plus ou moins coûteux.
Mes frères et sœurs bien aimés,
vous pourriez me dire qu’il fait bon croire que le Christ est ressuscité mais cela est tellement extraordinaire et inouï que c’est au fond difficile à admettre.
Et vous auriez raison : la résurrection du Christ le dimanche de Pâques a bouleversé toutes les données, toutes…
A partir du constat du tombeau vide, plus rien n’est pareil.
Regardez l’Évangile d’aujourd’hui et tout ce qui s’y est passé : les disciples du Christ n’en croyaient pas leurs propres yeux.
Certes, ils se souvenaient que le Christ avait parlé de son retour à la vie, mais ils prenaient cela pour des fioretti, une surchauffe du prédicateur enflammé, un pieux excès.
Marie-Madeleine se rendant au tombeau de grand matin n’y allait pas pour constater avec certitude ce qu’elle avait enfin vu. Elle y allait pour terminer les rites funéraires qui, faute de temps préalable, n’étaient pas complètement parachevés. A sa grande surprise, elle trouve la pierre du tombeau déplacée et le corps de son maître bien aimé disparu.
Paniquée, interloquée, elle part chez les apôtres.
J’ai dit « part » ?
Elle court, elle fonce !!!
Elle est tellement bouleversée qu’elle galope. La nouvelle est telle qu’elle ne peut plus traîner.
Une fois les apôtres Pierre et Jean informés, que font-ils ?
Ils courent aussi… Ils s’impliquent, car la nouvelle est effarante. Ils commencent à comprendre et se dire : notre maître est finalement ressuscité. Vraiment, il a fait ce qu’il a prédit.
Je ne sais pas si vous l’avez bien remarqué mais la résurrection du Christ réactive les disciples du Christ, un peu endormis ou abattus si vous préférez, après les évènements tragiques des jours passés : la nuit du jeudi saint et la journée du vendredi saint. La résurrection du Christ les a mis en route, les a remis en selle comme l’on dit.
Ils se mettent à courir car, à l’époque, faute d’avoir facebook ou twitter, on ne pouvait pas, d’un seul clic, envoyer à tout le monde le message suivant : « Le Christ est vivant, il est bien ressuscité ».
Mes frères et sœurs, si j’insiste sur le fait que les disciples du Christ se sont fortement ré actionnés, qu’ils se sont mis carrément à courir, c’est pour vous faire comprendre que notre dynamisme et notre implication dans l’annonce de la foi au monde est signe de notre croyance en la résurrection du Christ et en la nôtre.
Là où les chrétiens n’y croient plus ou ne croient pas intensément en Christ ressuscité donc réellement vivant, les mouvements stagnent, les offices diminuent, les églises ferment : pas d’action, pas de vie… bref, plus d’espérance.
En revanche, là où les Chrétiens adhèrent au message de Pâques, les initiatives débordent, une joyeuse effervescence est au rendez-vous, la communication fuse sans cesse… Et tout cela est évident parce que la résurrection du Christ a changé les données et elle les change encore aujourd’hui.
Imaginez-vous que l’un de vos chers défunts ressuscite et revienne à la maison. Sans doute auriez-vous la frayeur de votre vie, mais après, que feriez-vous ?
Vous vous jetteriez sur l’ordinateur ou sur votre téléphone portable pour annoncer au monde entier « ma maman, mon papa, mon mari, mon ami a été ressuscité ». C’est logique que vous ne gardiez pas cette nouvelle seulement pour vous ; vous voudriez que France Une en parle et que les caméras de CNN s’installent devant chez vous pour que tous connaissent ce prodigieux évènement !
Donc, si aujourd’hui nous n’avons pas le même élan pour dire au monde entier que le Christ est ressuscité, cela signifie ni plus ni moins que nous n’adhérons pas encore et pleinement à la résurrection du Christ… et cela est bien dommage !
Ce serait un gâchis que le poisson d’avril nous parle plus que les témoignages des premiers disciples du Christ qui ont tout fait pour que le monde entier sache que la résurrection de Jésus a bien eu lieu et depuis, il peut en bénéficier !
Mes frères bienaimés, retenez bien cela, une fois pour toute : la résurrection du Christ n’est pas un canular, c’est bel et bien une réalité !
Amen