Lectures :
Dt 18,15-20 : … un prophète qui oserait dire en mon nom une parole que je ne lui aurais pas prescrite […] ce prophète-là mourra.
1 Cor 7,32-35 : … soyez attachés au Seigneur sans partage.
Mc 1,21-28 : … il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes.
Mes frères et sœurs bien aimés,
Le texte de l’Evangile donne d’emblée le ton de la mission du Christ et de sa manière de la mettre en œuvre. Nous n’en sommes qu’au premier chapitre de cet Evangile écrit par Marc, le plus bref et probablement le plus ancien
des quatre Evangiles.
Son antériorité en fait donc l’une des relations principales du tout début de la mission salutaire de notre Seigneur.
J’insiste sur ce point afin de faire comprendre que le Christ et sa parole n’étaient pas des discours insipides, incolores et inodores…
Il voulait marquer les esprits dès le début.
Avez-vous remarqué la stupeur à la fois des premiers auditeurs et des témoins d’un miracle accompli par le Christ ?
Ils se demandent entre eux :
qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau donné avec autorité !
Jésus n’est pas venu pour réchauffer les vieilles recettes de l’Ancien Testament. Il ne le remet pas en cause non plus puisqu’il disait : je ne suis pas venu l’abolir mais l’accomplir. (Mt 5,17)
Néanmoins, sa manière de faire est tellement différente qu’on ne peut plus parler de l’Ancien Testament. De l’enseignement du Christ débute le Nouveau. Si aujourd’hui nous, Chrétiens, peinons à exprimer notre foi et n’exposons pas trop notre appartenance au Christ et à son Eglise, c’est parce que nous avons perdu la conviction que la bonne nouvelle est surtout novatrice.
A force d’entendre, voire de se faire agresser par un monde qui se dit tolérant et qui pourtant ne l’est pas – par les expressions du genre : vous êtes rétrogrades ; L’Eglise sent la naphtaline ; son enseignement n’est plus adapté aux temps modernes, nous finissons par nous laisser influencer et y croire un peu.
Un exemple à l’appui ? – La question du célibat des prêtres.
Même dans nos propres rangs, des arguments faussés et des propos approximatifs sont ressassés inlassablement et sans vergogne.
Pourtant, il suffit de lire les textes du Nouveau Testament pour avoir des réponses limpides sur les sujets qui concernent notre grande famille du Christ.
Alors, en deuxième lecture, St Paul, dans une de ses lettres adressées à la communauté récente de Chrétiens qui vivait à Corinthe aborde la question du célibat.
Avec des paroles simples et directes, il écrit :
Frères, j’aimerais vous voir libres de tout souci : celui qui n’est pas marié a le souci des affaires du Seigneur, il cherche comment plaire au Seigneur.
Celui qui est marié a le souci des affaires de ce monde.
J’espère que vous saisissez l’essentiel.
Avant que le célibat ne devienne une règle codifiée par la loi canonique et les conciles, il est un choix déterminé et absolu : le choix d’appartenir au Christ complètement, le don de soi, de sa vie, en vue du Royaume des cieux.
Si, moi, je suis devenu prêtre, c’est que, consciemment et délibérément, j’ai renoncé à ma vie privée.
J’ai dit tout simplement à la suite de tant d’autres avant moi :
Me voici Seigneur, dispose de ma personne.
Je veux Te suivre de près, de toute ma force, de tout mon cœur, de toute mon âme.
Vous
voyez ?
Quelle loi m’a contraint à le faire, où se trouve-t-elle ?
Nulle part ! C’est le choix de l’amour : il est donc par nature sacrificiel, puisqu’il se donne en renonçant à soi-même.
Et c’est ce que vous-même, au moins ceux qui se sont mariés à l’Eglise, avez expérimenté le jour où vous avez dit à la femme de votre vie ou à votre prince charmant : je te reçois comme épouse, comme époux et je te promets de te rester fidèle dans le bonheur et les épreuves, dans la santé et dans la maladie pour t’aimer tous les jours de ma vie.
Est-ce que, lorsque vous avez prononcé ces paroles, quelqu’un tenait un pistolet sur votre tempe ? Est-ce la loi de l’Eglise qui vous a obligé à le faire ?
C’était tout candidement votre choix déterminé qui en coûtait parfois beaucoup car il fallait s’opposer à la famille, à la mère à qui la fiancée ne plaisait pas d’emblée, ou au papa qui jugeait le parti pas assez bien pour sa fille chérie.
Et votre choix prenait souvent un caractère sacrificiel puisqu’il fallait se battre parfois contre les réticences et surtout avoir le courage de voler de ses propres ailes.
Frères et sœurs bienaimés,
Si je me suis permis de faire le parallèle entre le mariage et le sacerdoce dont le célibat est le signe fort, c’est pour vous faire comprendre qu’on ne résoudra jamais la question du célibat des prêtres si l’on reste exclusivement sur ses positions :
Est-il utile encore aujourd’hui ou ne l’est-il pas ?
Est-ce une simple discipline ecclésiastique ?
Doit-il ou non être imposé ?
Vous remarquerez que toutes ces questions tournent autour de la discipline, de la loi, de la permission et de l’interdiction.
Cependant, avant d’être une discipline, le célibat est une question d’amour et du choix qu’il impose.
Et je finirai par ces citations tirées d’un livre qui a fait couler beaucoup d’encre avant même d’être distribué dans les librairies.
Hélas, l’entrée en scène en février et en mars de l’année dernière de la COVID 19 n’a finalement pas permis à ce livre d’occuper plus d’espace dans l’esprit des gens.
Je veux vous donc parler du livre écrit en duo et qui porte le titre :
Des profondeurs de nos cœurs.
Sa première partie est sortie sous la plume du Pape émérite Benoît XVI, la deuxième du Cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements.
Je laisse de côté tout le tollé de la bien-pensance qui, au nom de sa tolérance et son ouverture d’esprit a crié au scandale et s’est demandé pourquoi un vieillard, ce pape ultraconservateur, qui devrait se contenter de vivre paisiblement sa retraite, osait prendre la parole pour défendre le sacerdoce catholique et le célibat qui lui est intrinsèquement lié.
Quant au Cardinal Sarah, il a eu droit aux invectives habituelles : traditionnaliste avéré, fondamentaliste, chien de garde, bref, réac’ !!!
Cependant, revenons à ce livre qui, avec honnêteté et simplicité, aborde et explique ce sujet si complexe qu’est le prêtre et le célibat.
Vous verrez, les motifs de discipline et de loi ecclésiastique n’y sont même pas évoqués dans les citations que je vous offre en cadeau pour ce dimanche.
… En raison de la célébration eucharistique régulière et souvent même quotidienne, la situation des prêtres de l’Eglise de Jésus-Christ se trouve radicalement changée. Désormais, leur vie entière est en contact avec le mystère divin. Cela exige de leur part l’exclusivité à l’égard de Dieu. Cela exclut par conséquent les autres liens qui, comme le mariage, embrassent toute la vie.[1]
… Les prêtres, parce qu’ils sont radicalement consacrés à Dieu, renoncent au mariage et à la famille. L’Eglise a interprété le mot « clergé » dans ce sens. Entrer dans le clergé signifie renoncer à son propre centre de vie, et n’accepter que Dieu seul comme soutien et garant de sa propre vie.[2 ]
Quant au cardinal Sarah, il avoue :
Le célibat révèle l’essence même du sacerdoce chrétien. En parler comme d’une réalité secondaire est blessant pour tous les prêtres du monde. Je suis intimement convaincu que la relativisation du célibat sacerdotal revient à réduire le sacerdoce à une simple fonction. Or, la prêtrise n’est pas une fonction, mais un état de vie.[3]
Père Przemek KREZEL, curé +
[1] Benoit XVI, Cardinal Robert SARAH, Des profondeurs de nos cœurs, Fayard, 2020, p.48
[2] Idem., p.53
[3] Idem., p.146